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Page:Maniement d'Armes d'Arquebuses, Mousquetz, et Piques (Jacob de Gheyn II) 1607.pdf/2

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Aux amateurs du maniement des armes, Jaques de Gheyn desire salut et prosperite.

C’est chose hors de doubte, que le repos d’une Republicquè, ne peult subsister sans tes armes, ný les armes, sans exercice. Ce que non seulement à este tres bien remarqué par les sages anciens, qui se sont efforçez d’en donner des exemples d’institutions & loix; mais außi approuvé par experiencé effectuele des villes & peuples plus celebres, qui ont conservé leur Estat; speciallement par ces moyens, voires regardant les Histoires de tout le Monde universel, on trouvera que la domination, & auctorité, a tousiours este vers ceulx, qui (en cecy) ont le plus sur passè leurs voysins, les Grecx, du temps de leur plus grande splendeur, ont prins ceste partie fort à coeur, & par leur subtilité n’ont point petittement advançé Et les Romains y ont surpaßé & ceulx cy, & tous aultres de beaucoup, faisant fort constament & continuellement exercer leur jeunesse, en l usage de touttes sortes d’armes, par ceulx quilz nonmoient Campidoctores, ou maistres de Camp, ainsi que se voidt clairement, par les escritz, qui nous sont demeurez d’eulx, les mesmes raisons durent tousiours, & envers tous. Mais comme les armes se changent fort, notament dé puis l’invention de la pouldre a canon, ainsi les vieux recitz ne nous peuvent servir sans nouveaux enseignemens. l’Excellence du Prince Maurice de Naßau, &c. au soing duquel est commise (par les trespuisiants Seigneurs les Estats generaux des Provinces unies) la conservation de si puissant estat, la conduite d’une guerre, qui a esté tenue & reputée comme une escole de tout le monde, à relevé, enbelly, & melioré tout l’ordre de la guerre (fort a bastardy avant son temps) partie suyvant les Reigles des ançiens, partie de sa propre invention, prenant tressoigneux regardt, sur le maniement des armes, comme estant une tres importante partie de l’ordre de la guerre, dequoy se sont ensuyvis fruitz, congneuz, non seulement en ces Pays, mais aux plus eslongnées parties de la terre.

C’est l’occasion qui m’a meu, de mettre en lumiere par figures (comme la plus sortable representation) l’ordre que son Ex. fait observer au maniement de l’Harquebuse, Mousquet, & Picque, tant pour en accommoder ceulx qui sont profeßion, de suyvre ledit ordre, comme pour faire participans tous aultres, en instruction tant necessaire, ayant a ceste fin, representé esdites figures le patron de tout ce que vient a point au maniement, & usage de chacune sorte d’armes, par parties s’entresuyvantes, avec les raisons requises, & esclairçy les motz ordinaires de commandement. Oeuvre (comme ie pense, & n’en doubte point) fort propre pour jeunes, & nouveaux Soldatz ausquels est convenable de s’exercer sonigneusement, tresneceßaire à tous Capitaines, & commandeurs, pour tant mieux, & plus curieusement prendre garde à l’exercice de leurs Soldats, trescommode à tous Princes peuples, soit en temps de guerre, pour se conserver, & endommager leurs ennemys, ou en temps de paix, pour par tel exercice estre plus à repos, & plus redoubtez & formidables aux aultres. Comme donc nostre intention ne passe point plus avant, que pour enseigner les Soldats inexperimentez, & renforçer, par inspection & leçon la memoire de ceulx qui sont desia expers, ainsi personne ne trouvera estrange, qu’en la representation des Piques, nous n’y avons mis aultre chose, que ce, que (pour l’usage dicelles) semble estre le plus necessaire à la guerre, paßant pardessus beaucoup de façons, qui si practiquent, par maniere de paßetemps, & ne servent de guerres, en l’exercice militaire.

En ce que touche la difference, ou ressemblance des habits, & armes de ces figures, il fault sçavoir, que les Harquebusiers y sont representez avec morions, & les Mousquettaires avec des chapeaux, & vestuz diversement, non point que cela soit necessaire, mais pour enbellir les portraitz, par ceste variete, pour faire voir la façon des habilemens des gens de guerre de ce temps, à ceulx qui viendront apres nous, comme d’aultre part, que les Piquiers sont armez tous d’une sorte d’armes, n’est pour aultre raison, que pour monstrer la façon des armes, que son Ex. fait porter aux gardes de son corps. Vous remarquerez außi aux Harquebusiers & Mousquettaires, que la premiere figure demonstre, comme on tiendra sur l’espaule l’Harquebuse ou Mousquet desia chargé, & les suyvantes, ce que dèpuis doibt estre fait, jusques à avoir tiré & consequament jusques a avoir rechargé, außi pour monstrer, comme chacun (au besoin) estant ferme, debout, se doibt contenir, & en la derniere figure, de chaque sorte, la maniere de tenir sentinelle, remarquant devant toutte chose, que ce que cecy semble aller avec longueur, pour ceque la representation n’ayant peu se saire, que par petites parcelles, le jeune Soldat, doibt, par long exercice, s’accou, stumer, a faire le tout promptement, neantmoins avec bienseance, & prevoyance, pour endommager l’ennemy se conserver, ensemble ses compaignons. Le surplus s’enseignera par la demonstration escrite & la figure.

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